Book 4 No. 7: La Rousserolle Effarvatte (acrocephalus scirpaceus) -- The Reed Warbler
Toute la pièce est un grand mouvement courbe, de minuit—3 heures du matin, à minuit—3 heures du matin, les évènements de l'après-midi à la nuit répétant en ordre inverse les évènements de la nuit au matin. Elle est écrite pour la Rousserolle Effarvatte, et, en général, à la gloire des oiseaux des roseaux, des étangs et des marais—et de quelques oiseaux des bois et des champs qui sont leurs voisins.
La Sologne. Entre Saint Vaître, Nouan le Fuzelier, Salbris, et Marcilly en Gault: les étangs du Petit et du Grand Rancy, des Noues, de la Briquerie, des 3 Croix, des coups de vent, de la Rue Verte, des Chapelières, de la vieille futaie, et tant d'autres étangs... je les nomme plus naïvement: étang des nénuphars, étang des roseaux, étang des iris, etc...
Minuit: la musique des étangs et le chœur des grenouilles. 3 heures du matin: la Rousserolle Effarvatte, cachée dans les roseaux, fait entendre un long solo de timbre gratté, évoquant à la fois le xylophone, le bouchon qui grince, les pizzi des cordes et le glissando de la harpe, avec quelque chose de sauvage et d'obstiné dans le rythme qui n'existe que chez les oiseaux de roseaux. La nuit est solennelle comme une résonance de tam-tam. 6 heures du matin: lever de soleil, rose, orangé, mauve, sur l'étang des nénuphars. Strophes joyeuses du Merle noir, gazouillis de la Pie-grièche écorcheur et du Rouge-queue à front blanc. 8 heures du matin, les iris jaunes: double cri rauque du Faisan, glissando sifflé de l'Etourneau-Sansonnet, éclat de rire étrange et surnaturel du Pic vert—le Bruant des roseaux, la Mésange charbonnière, et l'exquise Bergeronnette grise (si distinguée dans son costume demi-deuil) ajoutent quelques sons. Midi: la Locustelle tachetée fait entendre son interminable grillottement d'insecte.
5 heures de l'après-midi, la digitales pourprée: crescendo trillé du Phragmite des joncs, rythmes puissants, acidulés et grincés, de la Rousserolle Turdoïde. Coassement sec et flasque d'une grenouille. La Mouette rieuse part en chasse. Les nénuphars. Concert en duo de deux Rousserolles Effarvattes.
6 heures du soir. Les iris jaunes et la Locustelle tachetée. Une Folque (noire, plaque frontale blanche) semble choquer des pierres et souffler dans une petite trompette pointue. L'Alouette des champs s'élève et jubile en plein ciel, les grenouilles lui répondent dans l'étang. Un Râle d'eau, invisible, pousse une série de cris effroyables—cris de pourceau qu'on égorge—en hurlement décroissant, diminuendo.
9 heures du soir: coucher de soleil, rouge, orangé, violet, sur l'étang des iris. Le Héron Butor mugit—son de trompe grave, un peu terrifiant. Le soleil est un disque de sang: l'etang le répète—le soleil rejoint son reflet et s'enfonce dans l'eau. Le ciel est violet sombre... Minuit: la nuit est installée, toujours solennelle comme une résonance de tam-tam. Le Rossignol commence ses strophes mystérieuses ou mordantes. Une grenouille agite des ossements. 3 heures du matin: de nouveau, un grand solo de Rousserolle Effarvatte. Et nous terminons sur un rappel de la musique des étangs, avec le dernier mugissement du Héron Butor...
The whole piece is one large arced movement, from midnight—3 o'clock in the morning, to midnight—3 o'clock in the morning, the events of the afternoon to the night repeated in reverse order of the events from the night to the morning. It is written for the Reed Warbler, and, in general, to the glory of birds of the reeds, the ponds and the marches—and other birds of the woods and fields who are their neighbors.
La Sologne. Between Saint Vaître, Nouan le Fuzelier, Salbris, and Marcilly en Gault: the ponds of Petit Rancy and Grand Rancy, Noues [Valleys], Briquerie [brickyard], 3 Croix, coups de vent [gust of wind], Rue Verte, Chapelières [milliners], vieille futaie [old grove], and many other ponds... I call them more fondly: the lily pond, the reed pond, the iris pond, etc...
Midnight: the music of the ponds and the chorus of frogs. 3 o'clock in the morning: the Reed Warbler, hidden in the reeds, performs a long solo in a scratchy voice, evoking at once the xylophone, a squeaky cork, the pizzicato of strings and the glissando of a harp, with something savage and obstinate in this rhythm that does not exist except with reed-dwelling birds. The night is solemn like the resonance of a tam-tam. 6 o'clock in the morning: sunrise, pink, orange, mauve, on the lily pond. Joyous strophes of the Blackbird, warble of the Red-backed Shrike and the Redstart. 8 o'clock in the morning, the yellow irises: hoarse double cry of Pheasant, hissed glissando of the Starling, strange and supernatural peal of laughter of the Green Woodpecker—the Reed Bunting, the Great Tit, the exquisite White Wagtail (so distinguished in his half-mourning outfit) contributes a few sounds. Noon: Grasshopper Warbler performs its unending insect quiver.
5 o'clock in the afternoon, the foxglove: trilled crescendo of the Sedge Warbler, powerful rhythms, acid and creaking, of the Great Reed Warbler. Dry and limp croak of a frog. The Black-headed Gull goes hunting. The waterlilies. Duet concert of two Reed Warblers.
6 o'clock in the evening. The yellow irises and the Grasshopper Warbler. A Coot (black, white faceplate) seems to strike the rocks and blow in a tiny pointed trumpet. The Sky Lark rises and rejoices in the sky, and the frogs respond to him from the pond. A Water Rail, invisible, shoots a series of horrifying screams—cries of a pig being slaughtered—howling in descending diminuendo.
9 o'clock in the evening: sunset, red, orange, purple, over the iris pond. The Bittern bellows—sound of a low trumpet, a little terrifying. The sun is a disc of blood: the pond reflects—the sun joins its reflection and sinks into the water. The sky is dark purple... Midnight: the night is set, still solemn like the resonance of a tam-tam. The nightingale begins his mysterious or biting strophes. A frog rattles its bones. 3 o'clock in the morning: again, a great solo by the Reed Warbler. And we end on a recall of the music of the ponds, with a final bellow of the Bittern...
Toute la pièce est un grand mouvement courbe, de minuit—3 heures du matin, à minuit—3 heures du matin, les évènements de l'après-midi à la nuit répétant en ordre inverse les évènements de la nuit au matin. Elle est écrite pour la Rousserolle Effarvatte, et, en général, à la gloire des oiseaux des roseaux, des étangs et des marais—et de quelques oiseaux des bois et des champs qui sont leurs voisins.
La Sologne. Entre Saint Vaître, Nouan le Fuzelier, Salbris, et Marcilly en Gault: les étangs du Petit et du Grand Rancy, des Noues, de la Briquerie, des 3 Croix, des coups de vent, de la Rue Verte, des Chapelières, de la vieille futaie, et tant d'autres étangs... je les nomme plus naïvement: étang des nénuphars, étang des roseaux, étang des iris, etc...
Minuit: la musique des étangs et le chœur des grenouilles. 3 heures du matin: la Rousserolle Effarvatte, cachée dans les roseaux, fait entendre un long solo de timbre gratté, évoquant à la fois le xylophone, le bouchon qui grince, les pizzi des cordes et le glissando de la harpe, avec quelque chose de sauvage et d'obstiné dans le rythme qui n'existe que chez les oiseaux de roseaux. La nuit est solennelle comme une résonance de tam-tam. 6 heures du matin: lever de soleil, rose, orangé, mauve, sur l'étang des nénuphars. Strophes joyeuses du Merle noir, gazouillis de la Pie-grièche écorcheur et du Rouge-queue à front blanc. 8 heures du matin, les iris jaunes: double cri rauque du Faisan, glissando sifflé de l'Etourneau-Sansonnet, éclat de rire étrange et surnaturel du Pic vert—le Bruant des roseaux, la Mésange charbonnière, et l'exquise Bergeronnette grise (si distinguée dans son costume demi-deuil) ajoutent quelques sons. Midi: la Locustelle tachetée fait entendre son interminable grillottement d'insecte.
5 heures de l'après-midi, la digitales pourprée: crescendo trillé du Phragmite des joncs, rythmes puissants, acidulés et grincés, de la Rousserolle Turdoïde. Coassement sec et flasque d'une grenouille. La Mouette rieuse part en chasse. Les nénuphars. Concert en duo de deux Rousserolles Effarvattes.
6 heures du soir. Les iris jaunes et la Locustelle tachetée. Une Folque (noire, plaque frontale blanche) semble choquer des pierres et souffler dans une petite trompette pointue. L'Alouette des champs s'élève et jubile en plein ciel, les grenouilles lui répondent dans l'étang. Un Râle d'eau, invisible, pousse une série de cris effroyables—cris de pourceau qu'on égorge—en hurlement décroissant, diminuendo.
9 heures du soir: coucher de soleil, rouge, orangé, violet, sur l'étang des iris. Le Héron Butor mugit—son de trompe grave, un peu terrifiant. Le soleil est un disque de sang: l'etang le répète—le soleil rejoint son reflet et s'enfonce dans l'eau. Le ciel est violet sombre... Minuit: la nuit est installée, toujours solennelle comme une résonance de tam-tam. Le Rossignol commence ses strophes mystérieuses ou mordantes. Une grenouille agite des ossements. 3 heures du matin: de nouveau, un grand solo de Rousserolle Effarvatte. Et nous terminons sur un rappel de la musique des étangs, avec le dernier mugissement du Héron Butor...
The whole piece is one large arced movement, from midnight—3 o'clock in the morning, to midnight—3 o'clock in the morning, the events of the afternoon to the night repeated in reverse order of the events from the night to the morning. It is written for the Reed Warbler, and, in general, to the glory of birds of the reeds, the ponds and the marches—and other birds of the woods and fields who are their neighbors.
La Sologne. Between Saint Vaître, Nouan le Fuzelier, Salbris, and Marcilly en Gault: the ponds of Petit Rancy and Grand Rancy, Noues [Valleys], Briquerie [brickyard], 3 Croix, coups de vent [gust of wind], Rue Verte, Chapelières [milliners], vieille futaie [old grove], and many other ponds... I call them more fondly: the lily pond, the reed pond, the iris pond, etc...
Midnight: the music of the ponds and the chorus of frogs. 3 o'clock in the morning: the Reed Warbler, hidden in the reeds, performs a long solo in a scratchy voice, evoking at once the xylophone, a squeaky cork, the pizzicato of strings and the glissando of a harp, with something savage and obstinate in this rhythm that does not exist except with reed-dwelling birds. The night is solemn like the resonance of a tam-tam. 6 o'clock in the morning: sunrise, pink, orange, mauve, on the lily pond. Joyous strophes of the Blackbird, warble of the Red-backed Shrike and the Redstart. 8 o'clock in the morning, the yellow irises: hoarse double cry of Pheasant, hissed glissando of the Starling, strange and supernatural peal of laughter of the Green Woodpecker—the Reed Bunting, the Great Tit, the exquisite White Wagtail (so distinguished in his half-mourning outfit) contributes a few sounds. Noon: Grasshopper Warbler performs its unending insect quiver.
5 o'clock in the afternoon, the foxglove: trilled crescendo of the Sedge Warbler, powerful rhythms, acid and creaking, of the Great Reed Warbler. Dry and limp croak of a frog. The Black-headed Gull goes hunting. The waterlilies. Duet concert of two Reed Warblers.
6 o'clock in the evening. The yellow irises and the Grasshopper Warbler. A Coot (black, white faceplate) seems to strike the rocks and blow in a tiny pointed trumpet. The Sky Lark rises and rejoices in the sky, and the frogs respond to him from the pond. A Water Rail, invisible, shoots a series of horrifying screams—cries of a pig being slaughtered—howling in descending diminuendo.
9 o'clock in the evening: sunset, red, orange, purple, over the iris pond. The Bittern bellows—sound of a low trumpet, a little terrifying. The sun is a disc of blood: the pond reflects—the sun joins its reflection and sinks into the water. The sky is dark purple... Midnight: the night is set, still solemn like the resonance of a tam-tam. The nightingale begins his mysterious or biting strophes. A frog rattles its bones. 3 o'clock in the morning: again, a great solo by the Reed Warbler. And we end on a recall of the music of the ponds, with a final bellow of the Bittern...

